Qu’elle soit bleue ou à bosse, il n’est jamais bon de l’embarquer… car le terme BALEINE c’est le paquet de mer, grosse lame balayant tout sur son passage.
En quelques mots voici un résumé de la ménagerie que vous présente Marie Détrée qui en a réuni les différents spécimens au cours de ses embarquements à bord de bâtiments de la Marine nationale.
L'ancre et le pinceau
par Hervé Boucher, Ouest-France du 3 juillet 2010.
Marie Detrée vient de publier La grande ménagerie du bord. Une entrée originale et pleine d'humour dans le monde de la marine nationale, par une femme diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts de Paris.
Un lien très fort avec la mer - une histoire de famille - l'amène à peindre l'univers des bateaux, des ports et des arsenaux, à participer aux salons de la marine (médailles de bronze en 2008 et 2010). Et la voici, à 36 ans, quatrième femme peintre officiel de la marine.
Peintre bourlingueur,son statut lui permet d'embarquer à bord des bâtiments de guerre. L'invitation au voyage est irrésistible. Elle s'en souvient : « Un mois sur le Mistral,un BPC, (Tokyo, Shangaï, Kuala-Lumpur). Sur la Meuse, pétrolier ravitailleur, dans le Golfe de Gascogne en décembre. Et la FASM Dupleix pour 30 jours en Méditerranée. »
Marie fait l'apprentissage de la peinture en mer avec le vent, le soleil, les virements intempestifs de bord ou les exercices de tir. Mais ramène une abondante moisson de 250 gouaches, arrêts sur image, et rencontres dans tous les coins du bâtiment.
Elle apprend à parler « marin », un langage particulier où le monde animalier a une place de choix dont le profane, « l'éléphant », n'a pas la clé. C'est le déclic qui l'amène à revisiter la marine à travers un pittoresque lexique zoologique.
Un bestiaire,« Une ménagerie », car les animaux sont bien embarqués tout comme ceux de l'arche de Noé évoqués par un autre peintre de la marine, Michel Bez, dans la préface. Frégate, crabe, chien jaune, hibou, grue, frelon, exocet, drone, abeille, ratier, marsouin, renard...
Le marin a toujours fait appel au bestiaire pour désigner une fonction, un personnage, à travers tout un système emblématique d'identification et d'appartenance. Cela méritait d'être décodé car chaque mot a son histoire. L'auteur nous en livre une quarantaine dans des textes pleins d'humour et de talent.
La peinture rythme le livre, 150 gouaches que l'auteur bouscule, découpe, met en abîme dans des jeux de miroir ou de kaléidoscope. En miroir, des oeuvres originales inspirées par les illustrations naturalistes du siècle dernier. Un album coloré, foisonnant, documenté et ludique.
La grande ménagerie de bord. Editions de Chasse-marée/Glénat. 180 pages. 25 euros